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Reconstruction du château de Vergy

 

Mise à jour : 2 septembre 2017 .

 

A l'ouest de la vallée de la Saône, entre Beaune et Dijon, s'élève une série de collines où sur l'une d'entre elles se fixa la dynastie des seigneurs de Vergy au début du XIième siècle. La fondation par Gérard de Vergy n'est pas datée, mais on sait que son arrière-petit-fils, Hugues de Vergy mourut en 1202 et que sa fille Alix, née en 1182, épousa en 1199 le Duc de Bourgogne Eudes III. Un autre repère est, sur la colline qui abrite le château seigneurial, la fondation en 1033 de la collégiale Saint Denis par Humbert Hézelin, seigneur de Vergy et évêque de Paris.

L'étymologie de Vergy par référence à un verger planté d'arbres fruitiers est discutable, car celle-ci provient du latin viridis donc sans lien phonétique avec le vocale Vergy. Avec verjus, suc acide extrait du raisin cueilli vert, ce n'est pas meilleur car, remontant au XIIIième siècle, elle est postérieure à la fondation de la seigneurie. Vergé, qui caractérise les filets blancs ou filigranes des parchemins est un adjectif qui date du XIIième siècle. Il reste le nom verge, du latin virga, qui dénomme la baguette servant à corriger et qui est bien en usage au XIième siècle. Ce vocable peut aussi symboliser la tige qui supporte la quintefeuille présente dans les sceaux de la Maison de Vergy. V. A. Malte-Brun dans son ouvrage sur la "Côte d'Or" (Editions du Bastion, 1979, p 128 -129) donne une autre étymologie ; "un chef romain du nom de Virginius".

Les armoiries des seigneurs de Vergy comportent trois quintefeuilles dont l'une des feuilles a sa pointe orientée vers cinq heures. Les sceaux et miniatures représentant cette quintefeuille montrent qu'il ne s'agit pas d'une rose comme dans les sceaux apparentés (Henri Ier mort en 1263, Guy de Vergy élu évêque d'Autun en 1225, Clémence de Fouvent veuve de Guillaume 1er de Vergy 1263), mais d'une tige coupée transversalement et portant cinq feuilles triangulaires qu'on retrouve dans le sceau de Guillaume III (1382) ou de Guillaume IV (1504) ou encore de Jean de Vergy (1376). Cette figure est également présente dans les peintures de manuscrits représentant Jean de Vergy (1373) ou Antoine de Vergy (1375-1439).

On retrouve le même aspect de la quintefeuille et la même orientation dans le blason ornant le linteau d'une porte dans l'actuel village de Reulle Vergy et qui provient probablement des ruines du château.

 

En botanique, le nom de quintefeuille est celui donné à la Potentille rampante (Potentilla reptalis). Cette plante vivace a une fleur à cinq pétales qui ressemble beaucoup à l'emblème qu'on retrouve sur les armoiries du seigneur de Vergy.

Le lien peut être symbolique dans la mesure où la Potentille rampante est parfois appelée Main de Mars et on peut voir là le symbole d'un fief qui pendant cinq siècles est demeuré imprenable.

Le choix de la colline de Vergy pour y ériger un château fort peut évidemment être rapporté à la situation stratégique d'un éperon rocheux et à des falaises formant des murailles naturelles. Il provient aussi de la référence religieuse à la lapidation en 674 de Saint Guérin au lieu-dit Couhard situé à l'extrémité sud de l'emplacement où sera érigée l'enceinte fortifiée. Dés le XIIième siècle, le roi Louis VII considérait Vergy comme la meilleure forteresse du royaume.

Entre 1183 et 1187, le duc de Bourgogne, Hugues III, chercha à s'emparer de la forteresse de Vergy qu'il assiégea sans succès car les sires de Vergy se mirent sous la protection du roi Philippe Auguste qui fit lever le siège. Mais finalement le fief revint pacifiquement au duc de Bourgogne par le mariage en 1199 d'Alix de Vergy et de Eudes III duc de Bourgogne, Alix de Vergy apportant le château en dot. On peut imaginer ces tractations sous la forme des sculptures naïves des trois chapiteaux qui ornent l'église Saint Saturnin de Vergy. Elles représentent respectivement un coq, un renard courant et un renard emportant une poule. Malheureusement pour étayer cette hypothèse, les voûtes d'ogives qui reposent sur ces culots datent de l'an 1500, mais ce sont peut-être des symboles tardifs.

Dès 1023, seize chanoines s'installèrent au centre de la forteresse et y fondèrent le chapitre de Saint Denis de Vergy. Une église destinée à ce chapitre fut construite en arrière de la Maison seigneuriale. Cette première église fut remplacée par un édifice plus important fondée par Alix de Vergy. L'ensemble comportait une église d'une trentaine de mètres de long, un petit cloître accolé au côté sud de l'église, plusieurs maisons canoniales et un puits d'environ soixante dix mètres soit pratiquement la hauteur de la colline. L'abside fut construite sur une sorte de tour flanquant les remparts, l'actuelle tour Saint Denis.

A la mort de Charles le Téméraire en 1477, le château entre dans le domaine royal. Le roi Louis XI en fait don à Guillaume IV de Vergy-Autrey. Le domaine passe ensuite successivement sous la possession de Philibert de Vichy (1540), puis du ligueur le Guillaume Bailly (vers 1579) qui livra la forteresse au parti royaliste représenté par Guillaume de Tavanes moyennant 6000 écus. Pendant ce temps, le duc de Mayenne, deuxième fils du duc François de Guise, a reçu en 1573 le gouvernement de la Bourgogne. A la mort de son frère aîné assassiné en 1588, il devient en 1589 le chef de la ligue en rébellion contre le roi Henri IV. Celui-ci ordonna la destruction du château de Vergy en 1609. Les raisons en restent encore hypothétiques, comme la rancune de Henri IV vis à vis de la famille de Tavanes dont le père Gaspard d'Orrain, dit de Saulx sieur de Tavanes, avait menacé le jeune roi de Henri de Navarre lors du massacre de la Saint Barthélemy.

Le château a été entièrement détruit entre 1609 et 1610. Ses pierres ont depuis servi à la construction de nombreuses maisons alentour.

Il ne reste que la base de la tour qui supportait l'abside de la collégiale Saint Denis.

Ce vestige va soutenir ici une reconstruction imaginée…

 

Pour essayer d'imaginer à quoi ressemblait la colline de Vergy au XIIIième siècle, en pleine expansion du château, on peut supposer une grande similitude avec le château de Gevrey Chambertin construit en 1257 par Yves de Poisey, membre de la famille de Vergy de la branche Beaumont issue de Simon de Vergy, frère d'Hugues de Vergy.

En insérant cette architecture dans la colline de Vergy on obtient le résultat suivant :

 

 

 

 

Suite des images F